Vie communautaire

« S’aimer, se pardonner, s’endurer, se vénérer, et danser, c’est ça la vie! »

Cette page vous présente quelques extraits de la vie de prière et communautaire de Soeur Mecthilde
racontée par ses compagnes Servantes de Jésus-Marie. Le texte complet de 7 pages est disponible en PDF.

Paroles de soeur Mechtilde au soir de son jubilé d’or

« Mille mercis!… Vous m’avez causé bien de la joie aujourd’hui. Je me sens confuse de tout cela, mais il me semble que la joie que je ressens est une joie toute surnaturelle, la joie de toutes celles qui sont appelées par le Coeur de Jésus pour venir ici, s’aimer et s’entraider.
Ce que j’ai au coeur, c’est l’amour de ma Règle. Je ne puis pas exprimer combien j’aime ma Règle! Le Bon Dieu m’a exaucée; je n’ai fait que cela dans ma vie : suivre ma Règle et quêter.
Je me souviens des années de la guerre de 1914 alors que je partais pour faire le tour de Hull. Mon coeur se réjouissait de la sympathie que les gens témoignaient à notre œuvre. Hé! La petite soeur, vous venez du petit couvent, dites donc aux soeurs de prier pour nous obtenir telle grâce. Ils me donnaient une aumône et le Bon Dieu permettait qu’ils soient exaucés pour montrer que l’œuvre venait de Lui.
Pour moi, l’essentiel de la vie religieuse consiste à se fixer dans le Bon Dieu et à vivre en sa présence. Je n’ai jamais été capable de lire de beaux livres; je disais au Bon Dieu : faites que mon travail soit une prière. Parfois, je disais aux pauvres misérables : venez donc visiter le Très-Saint-Sacrement!, et notre petite chapelle se remplissait. »

Soeur Mechtilde : Une religieuse Servante de Jésus-Marie, bien connue de la population hulloise.
(Article écrit par une S.J.M., paru dans la revue Asticou, juillet 1982.)

…Au début de l’Oeuvre, des soeurs étaient désignées comme sortantes, afin de faire connaître la Congrégation et de recueillir les aumônes que spontanément, on voudrait bien leur offrir, pour l’entretien du luminaire entourant l’Hostie sainte, perpétuellement exposée dans la chapelle, et aussi pour la subsistance des religieuses. C’est alors que la bonne population de Hull fut à même de connaître celle que nous nous plaisions à appeler : la sainte soeur Mechtilde.
Soeur Mechtilde…. après son service de prière: sainte messe, adorations de jour et de nuit, qu’elle faisait toujours passer en premier, y mettant toute la ferveur possible et y incluant les très nombreuses intentions, recommandées chaque jour par ceux qu’elle rencontrait, notre soeur Mechtilde franchissait les portes du cloître pour parcourir les rues de Hull.
… Soeur Mechtilde possédait un charisme très spécial pour comprendre les souffrances des autres, pour consoler, encourager et ce n’était qu’avec de ses phrases incomplètes, à demi finies qu’elle réussissait à remonter le courage des gens, à leur donner de l’élan, le goût et la joie de vivre. Le ciel lui avait-il donné un passe-partout mystérieux pour ouvrir facilement la digue de bien des âmes? Si on en a jeté dans ce vieux coeur usé des secrets de joie, de peine, de souffrance de toutes sortes. À son retour au cloître, le coeur lourd de tout ce qu’on y avait jeté, Soeur Mechtilde allait aux pieds du bon Maître, le Seigneur Jésus, déverser le tout et prier pour ses chers amis, les bons citoyens de la ville de Hull. Quel accueil lui était fait dans tous les endroits qu’elle visitait! C’était « fête » quand Soeur Mechtilde pénétrait dans un foyer. Tous étaient contents de rencontrer cette vieille soeur à l’air timide, au dos courbé, dont la figure couverte de rides n’était pas jolie, mais avec son beau regard pur, son paisible et doux sourire, elle laissait transparaître et rendait presque visible, sa belle âme pleine d’exquise et délicate charité…
Les derniers mois de sa vie, elle les a passés le chapelet en mains. Elle faisait le tour de son chapelet des centaines et centaines de fois en récitant non seulement des Ave, mais aussi des mercis au Bon Dieu. Elle aimait à dire : « Une des plus belles prières, c’est l’Action de grâce. »
… Et depuis, personne ne l’a remplacée dans les rues de Hull… Cependant le lien si fortement tissé entre les Servantes de Jésus-Marie et la bonne population de Hull ne saurait se briser; il demeurera toujours. Au souvenir de Soeur Mechtilde, cette femme au coeur d’or, les gens de Hull ainsi que les Servantes de Jésus-Marie elles-mêmes n’ont pas été étonnés d’apprendre que les autorités responsables aient voulu choisir et nommer le Foyer pour femmes en détresse: Centre Mechtilde…

Le journal communautaire raconte

Le 17 octobre 1959, une alerte ce matin! C’est notre soeur Mechtilde qui s’est trouvée mal au lever. Elle reçoit le sacrement des malades. Le médecin appelé prescrit un repos absolu, car elle pourrait partir vite. Dans l’après-midi, elle demande à se lever, car dit-elle : je vais perdre mes forces. Jusqu’ici, notre nonagénaire ne voulait pas prendre l’ascenseur; si je cesse de monter les escaliers, dit-elle, je ne pourrai plus le faire
Au lendemain, on apprend que la ville de Hull est consternée de savoir Soeur Mechtilde malade. Ils s’inquiètent d’elle et de la communauté. Un bienfaiteur dit : vous devez manquer de quelque chose puisqu’elle ne peut quêter, je vais le faire à sa place. Il rapporte une bonne somme d’argent recueillie en deux heures de téléphone…

Des Servantes de Jésus-Marie se souviennent

* Lorsqu’elle était à l’infirmerie, Soeur Mechtilde passait de longs moments, et même des heures à fixer le soleil, sans cligner des yeux ou que sa vue en soit affectée le moindrement, même quand le soleil brillait d’un radieux éclat. Un spécialiste de la vue, consulté par l’infirmière sur ce phénomène dont notre soeur était l’objet, affirma que ce ne pouvait être naturel que d’envisager un soleil éclatant, sans en être incommodée, mais que ce ne pouvait être que surnaturel. Elle assiste à ce spectacle de l’AMOUR divin qui se répand sur le monde, sur notre Congrégation; elle voit ce que l’AMOUR du Seigneur fait pour sauver l’Humanité dans les présentes années. Elle disait voir des prêtres descendre et monter. Plusieurs de nos soeurs, surtout infirmières, qui ont approché notre soeur, qui l’ont visitée, en ces dernières années de sa vie, peuvent témoigner au sujet du soleil, que notre soeur le regardait en pleine face sans en être incommodée et qu’elle voyait des choses que Dieu lui montrait.
* Lorsque S. Mechtilde sortait, il n’y avait pas encore de lumière au coin des rues. Là où il y avait davantage de trafic, il y avait une police au milieu de la rue. La police prenait Soeur Mechtilde par la main pour la faire traverser…
* Une fois, je suis sortie avec Soeur Mechtilde; nous sommes allées en prison… Nous avons marché un peu dans la prison… arrivées dans un corridor, c’était indiqué : DÉFENSE D’ENTRER DANS CE CORRIDOR! Elle ne s’en préoccupe pas le moindrement. Je lui dis : C’est défendu de passer par ici! Soeur Mechtilde, qui est sourde à ses heures, s’en est allée là où elle voulait sans que personne ne l’arrête.
* Un jour, pendant l’adoration et le grand silence, j’étais en arrière de Soeur Mechtilde à la chapelle. Je l’entends dire à haute voix : «Mon Dieu, je vous aime quand même.»(On lui avait demandé de diminuer ses sorties en ville, vu son âge avancé.)
* Un jour, alors que j’étais novice, je dis à Soeur Mechtilde : «Les gens de Hull vous apprécient beaucoup !» Elle répondit : «Pas toujours, ma petite soeur; dans les premiers temps (alors qu’elle n’était pas encore connue) quand j’allais chez le boucher pour quêter de la viande, il me mettait à la porte en me lançant des queues de cochon par la tête.»
* …Elle ne prenait jamais le tramway, hiver comme été. Elle revenait de ses visites les pieds en sang et ne se plaignait jamais. Elle savait refuser l’argent que les familles pauvres auraient voulu lui donner. Lors de l’installation de l’ascenseur, témoigne une autre soeur, Soeur Mechtilde ne voulait pas s’en servir parce que, disait-elle, les pauvres montent les escaliers.
* Lorsqu’un de mes frères s’est noyé, j’allai trouver Soeur Mechtilde pour lui demander des prières pour ma famille et surtout pour que l’on puisse retrouver son corps. Le lendemain, j’allai lui annoncer que, grâce à ses prières, on l’avait retrouvé. Elle me répondit, presque fâchée : ma bonne petite soeur, ne dites jamais cela! Ce n’est pas moi, ce sont les prières de la communauté. Moi, je ne fais rien!
* Quand j’étais postulante: Sœur Mechtilde s’intéressait aux nouvelles arrivées. Elle nous interrogeait. «Est-ce que vous mangez assez mes petites sœurs? Il faut manger suffisamment pour faire l’adoration. Est-ce qu’il y a assez de nourriture sur la table?»
* À la fin de sa vie, notre chère S. Mechtilde répétait comme un refrain : «La foi, l’espérance, la charité, l’action de grâces, c’est un présent des cieux.»
* Un jour…,un bienfaiteur qui nous conduisait nous parla longuement de Soeur Mechtilde qu’il admirait. Tout à coup, il s’arrête et dit: «Je vais dire comme on dit bien des fois : Le Frère André est un saint au Ciel et Soeur Mechtilde est une sainte sur la terre».