Mgr Jean-Charles Dufour, Aumônier des Servantes de Jésus-Marie
HOMÉLIE : 13 mars 2021 – Luc18, 9-14
De nouveau, saint Luc nous présente une parabole, celle d’un pharisien et d’un publicain qui étaient montés au Temple pour prier. Il est bien clair que, par cette parabole, Jésus visait les pharisiens. Ils étaient les fidèles observateurs de la loi de Dieu. Ils multipliaient les jeûnes et les prières. De cette façon, ils étaient bien certains de se mériter les récompenses de Dieu. Mais il y avait aussi, aux alentours du Temple un publicain, un collecteur d’impôts pour l’armée de Rome. On le considérait comme un traître à son peuple et un pécheur devant Dieu.
Jésus, dans cette parabole, nous parle de la prière de ces deux hommes, mais il faut aller plus loin un peu. À travers ces deux hommes, Jésus veut surtout nous parler de l’attitude profonde qui donne un sens à notre prière. Et ça, ça nous concerne.
Je ne m’arrêterai pas trop sur la prière du publicain qui ne pense qu’à demander pardon pour son métier dont il a honte. « Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé », nous dit Jésus à la fin de l’évangile. Je m’arrête surtout sur le prière du pharisien.
Il rend grâce à Dieu parce qu’il n’est pas comme les autres qui se sont compromis avec l’argent et dans les aventures matrimoniales. Autrement, dit il se félicite d’abord lui-même. On sent bien qu’il a mis Dieu à son service, Dieu est son serviteur. Ce qui importe avant tout, c’est le « je ». Je rends grâce, je ne suis pas comme les autres humains, je jeûne, je paie la dîme. Il lui est impossible de vivre avec les autres, de les regarder sans les juger afin de pouvoir à nouveau se remplir de lui-même. Toute son assurance repose sur ce que lui fait, sur ses œuvres. Ses comptes pour le Temple sont en règne, « je verse le dixième de tout ce que je gagne ». Une fois la dîme payée, une fois le jeûne fait deux fois par semaine, il se sent bien tranquille.
J’ai dit tantôt que Jésus adressait une parabole à l’adresse des pharisiens, à l’adresse de ceux qui se vantaient d’être justes, d’être sans reproche devant Dieu. En le faisant, il nous invite à nous placer au dernier rang comme le publicain si nous voulons que Dieu fasse attention à nous. Par le moyen du publicain, Jésus nous présente le vrai chemin qui nous permettra de rencontrer Dieu. Il faut réaliser que c’est toujours Dieu qui nous accueille, c’est lui qui remet en ordre notre existence. « Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. »
Je disais tantôt que pour avoir une bonne opinion de lui-même, le pharisien avait besoin de se comparer aux autres. Il y a comme une insistance de Jésus là-dessus. Ce n’est sûrement pas un hasard. C’est là que le démon nous attend. C’est donc facile de nous trouver bien bon quand on regarde une autre communauté qui éprouve de la misère, qui vit des divisions. C’est donc facile de se considérer comme un groupe de « bons convertis » et de regarder de haut ceux qui n’ont pas pris le même chemin.
« Donne-nous de savoir répondre à ta grâce en confessant que tout nous vient de toi. »