Mgr Jean-Charles Dufour, Aumônier des Servantes de Jésus-Marie
HOMÉLIE : 1 juin 2020 – Vierge Marie, mère de l’Église – Jean 19,25-34
La liturgie, parfois, fait des choix étranges, surprenants.
Pour célébrer la Vierge Marie, Mère de l’Église, la liturgie choisit des textes qui nous parlent de l’absence du Christ. En effet, lorsqu’il est en croix, tout juste sur le point de partir vers le Père, il confie à sa mère le disciple qu’il aimait. Nous le soulignerons dans la préface tantôt : « En recevant au pied de la croix le testament d’amour de son Fils, elle a reçu pour fils tous les hommes ». Elle nous a reçus comme fils et filles tout juste avant que son Fils quitte ce monde.
Après le départ de son fils, Marie se trouve avec les disciples après l’ascension. Un autre choix de lecture qui peut nous sembler étrange ! Mais, pas aussi étrange qu’on peut l’imaginer, puisque la situation de Marie à ce moment-là, c’est la situation de tout disciple, c’est notre situation à nous. Comme baptisé, nous vivons dans l’espérance du retour du Christ dans la gloire. On le souligne chaque fois qu’on célèbre l’eucharistie : « Nous attendons ta venue dans la gloire… Nous attendons que tu viennes… Viens, Seigneur Jésus ! » Nous soulignerons la même chose dans la préface : Marie « accompagne et protège l’Église de son amour maternel dans sa marche vers la patrie jusqu’au jour de la venue glorieuse du Seigneur ». On dit, dans la première lecture : « Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel… d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères. » Faisons comme eux, comme Marie ! Nourrissons-nous de la communauté, et trouvons-y un lieu de prière et d’espérance.
Nous sommes invités à nous tenir là, comme Marie. Avec quelques autres femmes, Marie se tenait près de la croix. Elle se tenait là, accueillant la tristesse. Après l’ascension, elle se tenait là, avec les Apôtres, dans la confiance et l’espérance, dans la prière. Tenir dans la foi, c’est possible quand nous sommes entourés d’autres personnes, quand nous formons une communauté, quand si nous sommes engagés.
Marie a connu la tristesse, elle a connu la confiance et l’espérance. Certains jours, notre vie en communauté aura une couleur de tristesse ; nous pouvons tenir le coup avec le soutien des autres. D’autres jours, avec la communauté, elle aura la couleur de l’attente et de l’espérance. D’autres jours encore, et toujours avec la communauté, elle se teintera de joie pascale comme un jour de fête.
Comme Marie, au fil des jours, nous sommes invités à tenir bon, peu importe la couleur de notre vie, que ce soit un jour de tristesse, un jour d’espérance ou un jour de joie pascale.