Notice de S. Rose-Aimée Bernard, sjm
« Je te chante en présence des Anges. » (Liturgie du jour)
Nous reconnaissons bien notre Soeur Rose-Aimée Bernard dans cette prière de Léonce de Grandmaison trouvée dans ses papiers personnels :
« Sainte Mère de Dieu, gardez-moi un coeur d’enfant, Pur et transparent comme une source… Un coeur magnifique à se donner, tendre à la compassion; Un coeur fidèle et généreux, un coeur doux et humble… Un coeur blessé par l’Amour de Jésus Et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel. »
Rose-Aimée a vu le jour à St-Césaire, diocèse de St-Hyacinthe, le 15 novembre 1919. Huitième d’une famille de dix enfants, elle est accueillie dans l’Action de grâce par ses généreux parents, M. Dosithé Bernard et madame Maxima Meunier. La petite est portée aux fonts baptismaux dès le lendemain, 16 novembre.
Dans ce foyer profondément chrétien, Rose-Aimée s’épanouit. Elle reçoit son Jésus-Hostie pour la première fois, le 25 mars 1931. L’Esprit Saint la comble de l’abondance de ses dons dans le sacrement de confirmation qu’elle reçoit le 24 septembre 1930, des mains de Mgr F.Z. Décelles. À 21 ans, Jésus l’attire chez les Sœurs du Bon-Pasteur d’Angers. Elle y vécut heureuse durant 32 ans, se dépensant avec une grande générosité et un dévouement remarquable. Nous vous partageons ici l’éloquent témoignage laissé par Mme Lucette D. et qui en dit long sur notre chère Soeur : « Les Soeurs du Bon-Pasteur avaient une ferme à Val des Rapides. S. Rose-Aimée était fermière. Dans cette maison, on accueillait les enfants abandonnés par leurs parents. Elle nous amenait avec elle travailler dans les champs. C’était un travail fatigant. Dans l’avant-midi, elle nous donnait chacune une tomate et nous faisait asseoir dans l’herbe pour la manger. Dans l’après-midi, c’était une collation : du lait et des biscuits Village. Elle nous disait : c’est tout ce que je peux vous donner, mais vous pouvez en prendre autant que vous voudrez. Puis, elle nous parlait de la Providence; elle nous rappelait comme le Bon Dieu est bon et qu’il faut lui rendre grâce pour les choses délicieuses qu’Il nous donne. S. Rose-Aimée était tellement bonne! Elle était pleine du Bon Dieu, elle nous donnait le Bon Dieu. On la considérait comme une sainte. Je ne l’ai jamais oubliée et lui garde toute ma reconnaissance. »
Vint ensuite l’appel à une vie plus intense de prière, à une suite du Christ plus radicale. Comme elle l’écrivait elle-même : «Après avoir œuvré dans les pâturages du Bon-Pasteur auprès des petites brebis pendant 29 ans, il me fait signe pour le suivre dans la vallée où coulent le lait et le miel. Y a-t-il plus grande grâce que de vivre dans le rayonnement de l’Eucharistie, Pain de vie qui nous réconforte?»
Soeur Rose-Aimée entre chez les Servantes de Jésus-Marie, le 15 juin, 1972 et s’y engage perpétuellement le 15 novembre 1975. Au monastère, le travail a continué de bien remplir ses journées, mais la prière avait la priorité. Nous nous souviendrons d’elle comme d’une religieuse qui vivait en présence de Jésus et Marie. Elle rayonnait, tout simplement. Les nombreuses personnes accueillies au cours de son service à la réception pourraient en témoigner.
Notre sœur était très humble, se disant pleine de misères, se considérant comme la dernière et la plus pauvre de la Congrégation. Elle disait : « on me supporte comme si j’étais bien méritante. » S. Rose-Aimée, bien que n’ayant fréquenté que l’école primaire jusqu’à la 7e année, possédait cependant un vrai talent pour écrire et elle l’a mis à contribution à l’occasion des fêtes et patronales de ses mères et sœurs. Elle s’est toujours montrée très délicate, reconnaissante, respectueuse et disponible entre les mains de l’Autorité. À l’imitation de Marie, notre sœur Rose-Aimée fut une fidèle servante aux dons variés. Femme vaillante, généreuse, accueillante, son dévouement sans borne s’est exercé dans divers offices : particulièrement à la cuisine, la buanderie et la réception. Joyeuse, elle aimait animer nos récréations par des chansons à répondre et des histoires. L’on disait d’elle : « C’est un cœur grand comme le monde, une vraie sainte, toute cachée en Marie. » Avant tout, elle était une fervente adoratrice de jour et de nuit jusqu’à ce que l’infirmerie l’accueille en ses murs, le 15 novembre 2003, après une intervention chirurgicale majeure.
Une responsable des Sœurs du Bon-Pasteur écrit : « Pour nos deux Congrégations, ce fut une grâce de la compter dans nos rangs. Merci à vous de l’avoir accueillie et aimée. Sa joie, son dévouement, son sens de l’accueil et du service ont été pour plusieurs l’occasion de découvrir le visage humain du Seigneur. Très chère Rose-Aimée, sois encore et toujours celle qui veille sur nous. »
Sœur Rose-Aimée fut choisie par Marie qui l’a conduite au Cœur du Bon-Pasteur, en qui elle a fait sa demeure perpétuelle. Combien ont été attirés par sa vie de prière et d’oblation vers cette source du Cœur de Jésus ?
En la fête des saints Anges, ce 2 octobre 2012, à 13 h. 45 au C.H.V.O., l’Époux vient cueillir sa rose bien-aimée pour la transplanter en son Paradis de gloire. Notre chère sœur Rose-Aimée Bernard est partie rapidement pour répondre à son appel. Nous savons qu’elle désirait cette rencontre de tout son cœur. La certitude que notre chère sœur est partie vers le ciel nous aide à accepter ce départ.
Elle était âgée de 92 ans, comptant 69 ans de vie religieuse dont 32 ans chez les Sœurs du Bon-Pasteur et 37 dans notre Congrégation. Qu’elle jubile en Dieu son Sauveur dans la louange sans fin des élus de Dieu !
La liturgie des funérailles fut présidée par M. l’abbé André Picard, notre aumônier, le 6 octobre. Lors de l’inhumation au cimetière Notre-Dame de Gatineau, un fait nous a tous impressionnés : lorsque tout fut terminé, une abondante averse nous a surprises, l’espace de quelques minutes, pour nous laisser voir l’instant d’après un très bel arc-en-ciel. N’est-ce pas un beau message que nous a laissé Soeur Rose-Aimée? Comme le ciel est relié à la terre, de là-haut Soeur Rose-Aimée continuera de veiller sur nous et de nous être unie dans l’amour des Trois.
« Quelle repose dans la paix de son Seigneur ! »