Notice de S. Jeannine Leduc, sjm (S. Marie-de-Fatima)
« Marie, conduis-nous par la main vers la terre nouvelle. »
Au Paradis du Bon Dieu, plus de séparation;
c’est la joie, l’amour et rien que l’amour! »
(Note de sœur Jeannine)
Ouvrons l’album de famille de Carmel et Wilfrid Leduc, domiciliée à Verdun, Montréal. Sept enfants naissent de leur union : Jacqueline, Jeannine, Jean-Claude, qui deviendra frère du Sacré-Cœur, Marcel, le premier du nom, décède à l’âge de 2 mois. Un autre Marcel suit. Claire, atteinte d’une tumeur au cerveau, meurt à l’âge de 14 ans, et Denise qui ferme la fratrie.
Chez les parents Leduc brillent la piété, la joie, la fidélité et l’entraide. Le bon papa travaille dans la construction. Malgré une santé fragile, Maman Leduc élève sa petite famille en donnant le meilleur d’elle-même. La maisonnée s’entraîne tôt aux tâches ménagères pour porter secours à leur frêle maman. Plus tard, la Congrégation des SJM goûtera souvent à la bonté de ces généreux bienfaiteurs. Toutes les occasions seront bonnes pour se faire délicate Providence envers notre communauté.
Intéressons-nous maintenant à la genèse de la deuxième de la famille. Jeannine s’éveille à la vie, le 7 juin 1931, octave de la Fête-Dieu. Le Seigneur avait déjà son plan sur sa future promise.
Le baptême ne se fait pas attendre; le lendemain, 8 juin, le registre paroissial de l’Église Notre-Dame des Sept Douleurs, inscrit son nom : Marie Victoria JEANNINE qui devient l’enfant bien-aimée du Père. Sa première communion et sa confirmation en 1939, à la même église, seront suivies d’une belle grâce mariale. Le 2 mai 1945, elle a la joie d’être admise dans l’Association des enfants de Marie de la Congrégation Notre-Dame.
Jeannine excelle en classe et poursuit ses études jusqu’à la 12e année; ensuite, elle parachève sa scolarité à l’école normale des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame et se voue à l’enseignement pendant 2 ans. Sa sœur Jacqueline, l’aînée, se marie et Jeannine prend le relais pour veiller sur la maman et en prendre bien soin pendant 3 ans.
À dix-neuf ans, Jésus attire fortement son âme à Lui et la veut pour épouse. Mais, elle devra attendre jusqu’à l’âge de 25 ans pour réaliser son beau rêve. Aux endroits où elle frappe pour solliciter son admission, on la refuse en raison de sa santé. Parue en ce monde en l’octave de la Fête-Dieu, Jésus n’avait-Il pas son dessein d’amour sur notre sœur Jeannine?
Finalement, elle tente sa chance chez les Servantes de Jésus-Marie. Elle y est admise le 9 juin 1956. Oh! Quel bonheur pour son cœur! Le 10 décembre 1956, jour de la vêture, elle reçoit le nom de sœur Marie-de-Fatima. Séduite jusqu’au fond de l’âme, bien décidée à appartenir irrévocablement à Jésus-Hostie, elle s’achemine vers la profession perpétuelle. Le 10 décembre 1961, Jésus et le Nazareth Sacré-Cœur sont témoins de sa donation entière; enfin, elle est toute à Lui et ne vit que pour Lui.
Dieu se joue des apparences, comme il en fut pour notre Mère fondatrice, Mère Marie-Zita-de-Jésus. Sœur Jeannine trompe les pronostics humains : la puissance de Dieu se déploie admirablement dans la fragilité humaine.
Adoratrice fidèle, contemplative dans toutes les fibres de son être, cette femme, supposée de santé délicate, se surpasse surtout par la régularité dans le service divin. On la retrouve toujours paisible, silencieuse et recueillie.
Aucun emploi ne viendra à bout de ses forces, même à travers hospitalisations et opérations chirurgicales. Habile, disponible, elle se dévoue à tous les services: robière, lingère, portière, fabrication du pain d’autel, annaliste, secrétaire, etc.
Le service des archives d’aujourd’hui lui doit une immense reconnaissance. Sans avoir l’aide appropriée, sœur Jeannine travaille d’arrache-pied au classement de nos archives SJM. Elle
est très attentionnée à mettre à jour les albums souvenirs de la Congrégation. Tout ce que fait sœur Jeannine est impeccable.
Notre chère Sœur ne manque pas de qualités : discrétion, humilité, délicatesse. Les Autorités découvrent dans cette bonne terre, la perle précieuse qui enrichira la communauté par ses talents, son bon jugement, sa fidélité à notre charisme S J M, avec des dispositions ardentes à être hostie de louange. Elle a tout ce qu’il faut pour être secrétaire et conseillère générale même si elle se définit très humblement « La chenille à poils »!
En vie communautaire, sœur Jeannine est une compagne agréable. Exigeante pour elle-même, cependant elle devra apprendre à l’être en douceur pour son entourage.
Âme assoiffée d’union à Dieu, aimant avec grande ferveur sa Congrégation, sœur Jeannine transcrit avec patience les conférences de notre aumônier, le Père André Forest, cap., qui nous a laissé en héritage, une série de profondes méditations sur l’itinéraire spirituel de notre Mère Fondatrice.
Notre sœur mena un rude combat contre un handicap de tremblement de tête, sa plus grande croix. Quel héroïsme! Quelle vertu notre sœur a déployée tout au long de sa vie!
Des luttes contre elle-même, elle en a sûrement connu! Seul le divin Roi en connaît les secrets! Toujours égale à elle-même, avec grande maîtrise, elle a su cacher ses combats!
La dégénérescence de son état l’oblige à résider à l’infirmerie depuis 2012; elle vit un long et douloureux chemin que nous aurions préféré plus court pour notre sœur aimée. Sœur Jeannine ne pouvant s’exprimer avait comme unique recours d’appeler sans cesse son Époux Jésus. Dans son déclin, elle restait fixée sur Jésus, son seul amour.
Le 11 février 2022, en la fête de Notre-Dame de Lourdes, s’éteint le cierge de son oblation. En toute confiance, elle remet son âme entre les mains de Dieu notre Père. Les funérailles auront lieu le 18 février. Quelques membres de sa famille, dont ses sœurs Jacqueline et Denise, sont venus lui rendre un dernier hommage.
Merci, chère sœur Jeannine, vous avez été un modèle pour notre Communauté. Votre souvenir restera gravé dans nos cœurs.
« Marie, conduis-nous par la main vers la terre nouvelle. »