Notice de S. Réjeanne Saucier, sjm (S. Marie-Michel)


« Chante mon âme, chante mon cœur,
   Chante l’amour de ton Sauveur. »
  (Chant préféré de Sœur Réjeanne)


Lundi 5 mars, nous sommes prévenues par les Sœurs de la Charité d’Ottawa que notre chère Sœur Réjeanne Saucier semble bien près de son éternité. Mère Marie-du-Bon Pasteur, mère-servante générale, ainsi que quelques sœurs qui œuvrent à notre infirmerie, se rendent immédiatement prier auprès d’elle et refaire avec elle son acte d’oblation. Marie prendra encore quelques jours afin de parfaire sa parure nuptiale, pour la présenter toute belle à son Époux adoré. Rencontre qui s’éternisera le 8 mars dans la matinée.

Le 21 janvier 1941, une petite fille est née dans la paroisse St-Germain de Rimouski. Elle est baptisée le 23 et reçoit les noms de Marie, Colette, RÉJEANNE.  Elle est la 5e enfant de M. Grégoire Saucier et de dame Yvonne Bellavance. Quatre garçons l’avaient précédée dans ce foyer où brillent les vertus chrétiennes. Réjeanne s’épanouit et dira que les six premières années de sa vie ont été des années de bonheur sans mélange. Le 25 décembre 1947, elle accueille dans son cœur, pour la première fois, son Jésus-Hostie, et reçoit les dons de l’Esprit par la confirmation le 23 avril 1949.

Cependant, les années de bonheur s’assombrissent. Après la naissance de Réjeanne, la santé de la maman s’affaiblit. En 1947, madame Saucier fait sa première crise cardiaque. Entre sept et dix ans, lorsque la maman est hospitalisée, Réjeanne séjourne chez la cousine de sa mère, Mme Jeanne Bouillon Canuel. En l’âme de Réjeanne commence alors une profonde vie d’union à Marie.

À sept ans, quand  Denise, une servante, lui prête une boîte d’images l’une d’elles lui pose question. Elle y voit Jésus et une religieuse, avec trois mots qu’elle ne comprend pas, car ils sont en latin. Elle en demande la signification à son père qui les lui traduit : pauvreté, chasteté, obéissance. À ce  moment, l’appel retentit dans son cœur.

Au début de janvier 1951, la maman fait une thrombose, on lui ampute la jambe, mais la gangrène progresse. Elle décède le 2 mars 1951. Réjeanne vient d’avoir ses dix ans.  Elle va demeurer chez  Jeanne. La maison est en biais avec chez-elle; elle voit donc son papa tous les jours. Marie devient doublement sa mère. En juin 1952, son père se remarie avec Mme Cécile Lauzier, institutrice. Réjeanne revient donc à la maison. En 1953 naît Sylvie, la petite sœur qu’elle avait tant désirée. Le 29 novembre 1954, son père entre dans son éternité, peu de jours avant la naissance de Mario. Alors, la belle-maman décide de partir vivre avec sa sœur, emmenant les deux enfants. C’est un extrême dépouillement pour Réjeanne. Elle n’a que treize ans. Elle offre au Seigneur le sacrifice de tous les siens et expérimente l’amour paternel de son Dieu. Son oncle médecin, Adéodat Saucier, lui donnera l’affection d’un père. L’abbé Ernest Simard devient son tuteur ; il l’aidera beaucoup. Elle retourne vivre chez celle qu’elle appellera toujours tante Jeanne. Le couple Canuel adoptera deux enfants : Michel, choisi par Réjeanne, et Denise.

Malgré tous ces détachements, Réjeanne se donne entièrement à ses études qu’elle fit chez les Religieuses du Saint-Rosaire et chez les Ursulines de Rimouski. Elle obtiendra son Baccalauréat en pédagogie et son Brevet A. Grâce à la générosité de son oncle médecin, en 1960 elle a la faveur d’un voyage de quelques mois en Europe.  Elle suit certains cours, équivalant à un crédit, à l’Institut Catholique de Paris. Elle pensionne chez les Massabreau, amis de M. l’abbé Simard. Un pèlerinage à Lourdes est pour elle un moment de grâce et de certitude de l’amour de Marie pour elle.

Au retour, elle veut concrétiser son grand désir d’être toute à Jésus, demeuré bien vivant dans son cœur. Réjeanne a 20 ans. Elle fait sa demande d’entrée chez les Servantes de Jésus-Marie et y est acceptée. Elle entreprend ses années de formation le 21 novembre 1961, années qui la mèneront à l’alliance perpétuelle le 24 mai 1969.  À l’occasion de sa prise d’habit, elle avait choisi le nom de sœur Marie-Michel.

Douée de nombreux talents, pour le travail intellectuel et manuel, elle les met joyeusement au service de sa chère Congrégation, tout en accordant la priorité à son service d’adoration et de louange.

À l’instar de Marie, qui s’est dit la Servante du Seigneur, elle se rend disponible dans les mains de l’Autorité. En 1974, on lui confie le travail de responsable de la formation. À partir de 1983, elle assume la charge de mère-servante ou assistante locale, dans l’un ou l’autre de nos monastères et en 1998, celle de responsable de l’infirmerie.

De santé fragile, Sœur Réjeanne  porte généreusement la croix de la maladie. En 2004, elle est déchargée de toute fonction d’autorité. En 2007, elle écrit ces mots : Dieu m’a beaucoup donné ; Il m’a aussi beaucoup dépouillée. En septembre 2008, elle revient à la maison-mère et prend place à notre infirmerie. Deux ans plus tard, devant les progrès de la maladie, son état requérant des soins spécialisés, elle est accueillie avec beaucoup d’amour par les sœurs de la Charité d’Ottawa, au Mont St-Joseph. Elle vit dans la paix et l’abandon cette dernière étape de sa généreuse offrande, configurée au mystère de souffrance rédemptrice de son divin Époux. Elle vit sa Pâque de lumière à l’aube de 8 mars 2018.

Notre sœur Réjeanne était âgée de 77 ans, dont 55 ans de vie religieuse. La liturgie des funérailles est présidée par notre aumônier, Mgr Jean-Charles Dufour, le 14 mars 2018. L’inhumation au Cimetière Notre-Dame suit immédiatement. M. Réjean Ross, cousin germain, son épouse et sa sœur Alice, représentent la famille. Une 2e célébration, le 2 avril, avec la famille Saucier, nous permet de lui rendre un dernier hommage. 
Texte de l’homélie

Seigneur, ouvre à notre sœur ta maison de lumière et de paix !