Notice de S. Éliane Lavoie, sjm (S. St-Gabriel Lalemant)
« Heureux ceux qui ont une âme pauvre et transparente au vouloir du Père. »
(Parole de S. Éliane)
Je cours dans LA VOIE de tes volontés, car Tu mets au large mon cœur » (Ps 118)
C’est en la vigile de la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu, aux dernières heures de l’an 2020, à 21h 25, que Jésus vient cueillir sa petite épouse Éliane pour la transplanter dans son paradis de gloire. Son beau service royal d’adoration se poursuivra éternellement, les yeux amoureusement fixés sur son Bien-Aimé.
Mais, quelle a été son histoire sainte ? Le huitième jour d’août 1926, la joie éclate au foyer de M. Arthur Lavoie et de dame Marie-Louise Leblanc. Une petite fille vient de naître : Juliette, Hosanna, Florence, ÉLIANE qui deviendra enfant de Dieu le jour même, à l’église de l’Immaculée Conception de Kapuskasing. L’année suivante, la famille déménagera à Hull, où grandira la petite Éliane qui s’insère dans une fratrie de 3 garçons et six filles.
Le bonheur se vit au quotidien dans ce foyer profondément chrétien. Le généreux papa est membre de l’Association de la Police montée. La maman Marie-Louise est la femme vaillante qui veille au bien-être de sa nombreuse famille. Ce qui ne l’empêche pas d’être attentive aux besoins du prochain. C’est ainsi qu’elle accueille toujours avec beaucoup d’amour notre chère sœur Mechtilde. Elle a toujours une aumône pour elle. Aussi, elle permet à ses fillettes, Denise et Éliane, d’accompagner sœur Mechtilde dans ses visites aux familles. Ce qu’elles font avec joie. Éliane reçoit le sacrement de confirmation, des mains de Mgr Guillaume Forbes, le 6 mai 1933 et avec ferveur, accueille son Jésus-Hostie pour la première fois, le lendemain 7 mai 1933.
Éliane fait ses études à l’école Lauzon jusqu’à la 6e année. Elle dut y mettre tout le sérieux qu’on lui connaît. Depuis la fondation de la nouvelle paroisse du Sacré-Cœur, elle se prête à divers services et particulièrement à la Congrégation des Enfants de Marie. Durant quatre ans, elle œuvre au Centre Catholique de l’Université d’Ottawa. D’élogieux témoignages en sa faveur nous révèlent une Éliane d’une conduite digne et réservée, simple, d’un dévouement constant et animée d’un grand amour du Bon Dieu.
Depuis son plus jeune âge, Éliane songe à la vie religieuse. On se souvient qu’Éliane a une tante, S. Marie-de-St-Pierre (Léonie Lavoie) chez les Servantes de Jésus-Marie. Celle-ci se garde bien d’influencer sa jeune nièce. Éliane aime aussi à venir prier devant le Saint-Sacrement chez les Servantes de Hull. Elle pense à y faire son entrée et y est admise le 7 juin 1947. Le 8 juin, lors du Congrès marial, la Vierge pèlerine s’arrête chez les Servantes de Jésus Marie. À cette occasion, sa petite sœur Claire réussit à se faufiler entre les policiers et à venir se jeter dans les bras de sa grande sœur Éliane; ce qui amusa fort ses consœurs, mais non la postulante d’un jour qui se voulait fidèle à la clôture.
Cependant, le 20 juin 1948, elle retourne dans sa famille. Il faut croire qu’Éliane a gardé la nostalgie du cloître, puisse qu’elle y fait une seconde demande et y est admise le 9 juin 1949. Le 10 décembre suivant, elle revêt la livrée des Servantes de Jésus-Marie et prend le nom de Sœur St-Gabriel Lalemant. Répondant à l’amour du Cœur de Jésus, elle poursuit joyeusement sa formation religieuse et le 10 décembre 1954, s’engage à une alliance définitive avec l’Époux. Sa vie devient une montée constante dans la lumière et dans l’amour.
La volonté du Bien-Aimé la conduit en nos monastères où elle accomplit généreusement son ministère de louange et d’adoration de Jésus-Hostie, et joyeusement son service fraternel. Sous le regard maternel de Marie, elle remplit sa tâche de cuisinière, buandière, confection des hosties, etc. avec beaucoup d’amour et de dévouement. Durant plusieurs années, elle assumera la charge de portière. Avec affabilité, elle accueille les personnes qui se présentent au monastère. Sœur Éliane (qui a repris son nom de baptême lorsqu’elle en eut la possibilité) parle peu, mais écoute beaucoup. Elle dira : « Dieu m’a donné une bonne oreille pour écouter et deux pour ne pas me fatiguer d’écouter ». Munie d’un charisme de compassion, elle est très appréciée à la réception. On remarque sa patience, sa discrétion, et sa belle simplicité qui mettent les personnes à l’aise.
Dans sa relation avec ses Mères-servantes, sœur Éliane se montre filiale et disponible. Avec esprit de foi, elle voit en elles Marie qui conduit son enfant. Au cœur de la vie communautaire, sœur Éliane sème la joie par son humour et ses mots d’esprit. Elle est tenace dans ses idées ce qui suscite à l’occasion quelques conflits dans les relations communautaires. Son journal spirituel mentionne ses efforts pour rayonner la charité autour d’elle.
Éliane a aimé et vécu sa vocation avec ferveur. Elle écrit : « Je Te bénis mon divin Papa pour la grande grâce d’avoir été choisie pour être l’épouse de Jésus dans une si belle vocation ».
En 1972, la retraite prêchée par le P. Jean Delcuve, s.j. a profondément marqué son âme. Elle saisit d’une manière nouvelle qu’elle est l’enfant du Père et combien elle est aimée de Dieu.
Après avoir donné le meilleur d’elle-même, le temps vient où la santé diminue et les infirmités se font sentir. Elle reçoit l’obédience pour l’infirmerie communautaire le 9 novembre 2019. Elle sème la joie auprès de ses consœurs malades par son bon sens de l’humour. Sous le regard maternel de Marie, elle vit dans la sérénité son oblation en faveur du Sacerdoce. Elle ne se plaint jamais, et est toujours reconnaissante des bons soins reçus. Elle attend avec sérénité le passage du Seigneur. Sa chère sœur Claire a le privilège de l’accompagner durant ses derniers jours.
Ainsi s’achève l’histoire sainte de sa vie d’amour avec Jésus. La liturgie des funérailles fut présidée par notre Aumônier, Mgr Jean-Charles Dufour, le 8 janvier 2021. En raison de la pandémie de la Covid-19, elle revêt un cachet de grande simplicité. Son frère André et sa sœur Claire représentent la famille. L’inhumation au Cimetière Notre-Dame suit immédiatement.
Reposez en paix, chère S. Éliane!