Mère Fondatrice, Éléonore Potvin

 

L’enfance d’Éléonore

Éléonore Potvin naît le 4 janvier 1865 à Angers, petit village de l’Outaouais, au Québec, où le Seigneur, comme à Nazareth, allait faire jaillir une source.
Le surlendemain, en la fête de l’Épiphanie, elle reçoit le baptême qui allait faire d’elle un témoin de la foi et de l’amour.
Elle est une enfant de silence, méditative, sensible à la bonté et à la beauté des êtres. Ardente à la prière comme au jeu, la future fondatrice entraîne ses petites compagnes en procession, en modulant des cantiques, pour aller déposer des fleurs champêtres au pied d’une statue de l’Immaculée. Prélude d’une dévotion mariale qui ira s’accentuant, surtout après son admission parmi les Enfants de Marie.

Retirée de l’école dès qu’elle sait lire et écrire, Éléonore s’initie avec succès aux travaux ménagers.
L’éveil de sa foi est très précoce. Lorsque, à l0 ans, elle a la douleur de perdre son cher papa, elle lève spontanément les yeux au ciel et s’exclame : « Mon Dieu, c’est vous désormais qui serez mon Père. »
Suite à ce deuil, la famille Potvin est accueillie chez un oncle paternel, Camille, cultivateur à Masson, Québec.

Au vent de l’esprit

L’adolescence d’Éléonore s’écoule joyeuse et animée. Sans négliger les fêtes mondaines, la jeune fille laisse libre cours à sa soif de l’Eucharistie. On la voit, hiver comme été, toujours à jeun, franchir à pied, très tôt le matin, les six milles qui la séparent de l’église. Après une action de grâce prolongée, elle reprend la route et rentre à la maison à l’heure du dîner.
Vers l’âge de 20 ans, Éléonore quitte définitivement sa famille pour habiter la ville de Hull où elle gagne sa vie comme couturière. Sous la direction du Père Grandfils, Oblat de Marie-Immaculée, elle fait de rapides progrès dans la vie spirituelle. Son oraison est alimentée par la liturgie du jour dont elle fait ses délices.
L’arrivée des Adoratrices du Précieux-Sang dans la ville d’Ottawa en 1887, lui ouvre de nouveaux horizons. Elle fréquente souvent leur chapelle puis, après deux ans de réflexion, elle sollicite son admission dans la communauté. Faute de place, on l’oriente vers le monastère de Toronto. Éléonore n’hésite pas à s’y rendre et quitte tout pour répondre à l’appel du Seigneur. Le fait d’être classée parmi les sœurs converses la laisse indifférente :

« Pourvu que j’appartienne à Jésus, dit-elle, peu m’importent le rang et l’occupation. »

A peine entrée, sa santé fléchit et elle se voit dans l’obligation de quitter. Le cœur navré, Éléonore se remet à la couture.
Elle se fixe providentiellement à Masson où tout son avenir va se jouer.

Nouveau tournant

L’année 1890 marque une orientation nouvelle dans la vie d’Éléonore.
Le Seigneur lui ménage une rencontre avec l’abbé Alexis-Louis Mangin, en quête d’une ménagère pour la paroisse Notre-Dame-des-Neiges de Masson dont il est le curé fondateur. Éléonore se présente. Cette jeune fille réfléchie, d’une ferveur rayonnante, lui inspire une telle confiance, qu’il l’engage sur-le champ. Ménagère et sacristine, Éléonore mène une vie de recluse, ne sortant que pour se rendre à l’église Elle refuse toute rémunération pour son travail. « On ne sert pas Dieu pour de l’argent; et c’est Dieu que je veux servir en servant son prêtre » objecte-t-elle sur l’insistance du curé. Éléonore est la première à s’inscrire dans la Fraternité du Tiers-Ordre de saint François, fondée à Masson en 1892. Elle y reçoit le nom de Sœur Zita qui deviendra plus tard Marie-Zita de-Jésus.
Malgré le bonheur goûté dans sa nouvelle vie, elle demeure hantée par le désir du cloître. A ses ardentes supplications, le Seigneur répond par des lumières très particulières qui débutent le 20 avril 1893, Marie se manifeste à elle, nourrissant le divin Enfant et lui fait entendre ces paroles :

« Dans votre vocation, vous prendrez soin de mon Fils. » Et encore :
« Moi, j’ai pris soin de mon divin Fils; et vous, vous prendrez soin des prêtres qui sont les représentants de mon Fils. »

A travers ces paroles, on voit se profiler toute la vocation des Servantes de Jésus-Marie : Jésus présent dans l’Eucharistie, adoré et servi avec amour. Vie offerte pour la sanctification des prêtres.  Tout est là.  Jusqu’au 27 avril, Sœur Marie-Zita est favorisée d’intuitions surnaturelles qui dissipent ses craintes et l’aident à aller de l’avant. Jésus la fait reposer sur son Cœur en lui disant : « Maintenant, tu m’appartiens. »
Un autre jour, au moment de la communion, des traits de feu venant des plaies du Christ en croix viennent se poser sur ses mains, ses pieds et son côté. Au terme de ces manifestations, Jésus fait entendre à Éléonore ces paroles :
« Ô vous, ma bien-aimée, que j’ai choisie pour mon épouse, vous serez toujours dans mon cœur. »
Soutenue par la grâce et avec le concours de Monsieur Mangin, Éléonore est prête à assumer sa nouvelle mission.

Mère et servante

La Congrégation des Servantes de Jésus-Marie prend naissance dans une étable avoisinant l’église de Masson, aménagée en un modeste couvent.
Sœur Marie-Zita-de-Jésus y entre le l0 décembre 1894 pour un temps de solitude et de silence. Deux compagnes l’y rejoignent. Au soir du 23 mai 1895, elles revêtent avec elle le costume religieux. Choisie pour diriger la petite communauté, Éléonore est saisie de crainte et évoque son incapacité et son peu d’instruction; puis elle se ravise :
« Qu’il me soit permis, dit-elle, d’être seulement la servante de mes sœurs, et Marie-Immaculée sera notre vraie supérieure. » D’où le titre de mère-servante attribué dès ce jour à celle qui détient l’autorité dans la Congrégation. Sœur Marie-Zita est la mère attentive et délicate, modèle de courage et de foi, servante dans la force du terme, rayonnant dans tout son être la présence de Jésus, qu’elle adore avec tant de joie et d’amour sous le voile de l’Hostie. Ce Jésus, elle brûle du désir de le voir perpétuellement exposé dans l’ostensoir. Sept longues années d’attente la séparent de cet heureux jour : martyre du cœur joint à des souffrances incessantes de l’âme et du corps. Et lorsqu’enfin, Sœur Marie-Zita a le bonheur de voir son rêve réalisé, elle est déjà minée par la tuberculose et n’a plus qu’un an à vivre.
Elle s’éteint doucement à la maison-mère, à Hull, le 30 mai 1903, dernier samedi du mois de Marie, à l’âge de 38 ans. Vie livrée dans l’amour, jusqu’au bout.

 

1-Mère Marie-Zita-de-Jésus, fondatrice 2-Mère Marie-Delphine 3-Mère Marie-Véronique 4-S. Marie-de-la-Croix
5-S. Marie-Antoine 6-S. Marie-de-la-Présentation 7-S. Louis-Joseph 8-S. Ste-Jeanne