Notice de S. Marie-du-Sacré-Coeur, sjm (Georgette Bellehumeur)


« Le Seigneur est bon pour qui se fie à Lui, 
pour l’âme qui Le cherche. »  (Lam.)


Sœur Marie-du-Sacré-Cœur écrit lors du décès de sa bien-aimée maman : « Après une journée bien remplie, les mains chargées d’une abondante moisson d’amour, elle est entrée dans le grand repos de Dieu (cf Heb.). Que l’aurore pascale se lève bientôt sur elle. »

C’est ce qui se réalise pour notre sœur le 12 octobre 2018, alors que ses yeux se ferment aux réalités d’ici-bas pour s’ouvrir à celles de l’éternité.

Mais, quel fut son pèlerinage terrestre?

Georgette Bellehumeur ouvre les yeux à la vie le 21 juin, 1er jour de l’été 1928, à Laverlochère, au Témiscaminque. Elle entre dans la grande famille de Dieu le 24 juin 1928 et reçoit les noms de Marie, Georgette. Les parents, M. Laurent Bellehumeur et dame Exilda Trudel accueillent cette première enfant dans la joie et la reconnaissance. Trois garçons et trois autres filles viendront agrandir cette famille si profondément chrétienne.

Georgette est un bébé et une enfant tranquille que les grands-parents gâtent beaucoup.  À l’âge de six ans, elle fréquente l’école primaire; elle est studieuse et correcte en tout, selon son expression. Lorsque ses deux frères et sa sœur qui fréquentent la même école sont parfois plus dissipés, Georgette dispute rendue à la maison. Elle apprendra plus tard à devenir plus indulgente, moins intransigeante.

Georgette a reçu son Jésus-Hostie pour la première fois avec grande ferveur, nous n’en doutons pas. L’Esprit la comble par l’effusion de ses dons dans le sacrement de confirmation, reçu des mains de Mgr Louis Rhéaume, o.m.i. le 10 juin 1937.

Le 31 juillet 1938, un beau dimanche d’été, un grand pique-nique s’organise avec oncles, tantes, cousins et cousines. C’est la consternation lorsque l’on entend crier que quelqu’un est à se noyer. C’est le bien-aimé papa. La maman a 30 ans et est enceinte d’un 7e enfant. Georgette a 10 ans. Elle note : « Je ne puis décrire ce qui se passa en moi. C’était comme la fin d’un monde de bonheur… Je compris la perte irréparable que je venais de faire. Une autre vie commençait. J’ai souffert de ne pouvoir parler de lui. Nous nous abstenions même de prononcer son nom pour éviter les pleurs de ma mère. Mes grands-parents vendirent leur ferme pour venir demeurer avec ma mère. Ce fut un grand réconfort! »

Georgette a grandi. Elle poursuit ses études jusqu’au cours supérieur, à l’École normale Notre-Dame-de-Lourdes de Ville-Marie. Il en sera ainsi pour la musique. L’appel à la vie religieuse se fait sentir imperceptiblement. Georgette écrit : « Lors d’une rencontre avec l’aumônier, celui-ci me fait remarquer que ma mère n’a pas besoin de mon soutien matériel, que je n’ai aucune raison de faire attendre le Seigneur. Il me demande si j’ai pensé à la vie contemplative et me décrit la vie des SJM, me suggérant d’y réfléchir. Sur le champ, mon choix est presque déjà fait. Cette possibilité me procure une grande dilatation intérieure. »

Le Père Gaston Morissette, o.m.i., principal de l’École normale, écrit dans sa lettre de recommandation : « Je puis vous affirmer que cette vocation est solide. Mademoiselle Bellehumeur est d’une intelligence au-dessus de la moyenne, très laborieuse et d’une application jamais démentie. Le jugement est sûr et pondéré; éducation familiale excellente. Elle est timide, peu communicative; elle a besoin de sympathie pour s’épanouir. Elle possède une souplesse de tempérament pénétrée de grâce divine. »

La maman et les grands-parents étant des personnes de foi profonde, Georgette ne rencontre pas d’opposition, malgré le grand sacrifice que leur cause son départ. Elle entreprend donc les démarches pour y faire son entrée, après laquelle elle soupire. Elle y arrive le 22 novembre 1948. Le 24 mai 1949, elle revêt la livrée des Servantes de Jésus-Marie et prend le nom nouveau de sœur Marie-du-Sacré-Cœur. Elle franchit, avec une ferveur renouvelée, toutes les étapes de la formation et s’engage à une alliance définitive avec le Christ le 24 mai 1954. Sa vie devient une montée constante dans la lumière et dans l’amour.

Au cœur de la vie communautaire, sœur Marie-du-Sacré-Cœur sème la joie par son humour et sa belle humeur. Dans sa fonction d’organiste, elle vise à ce que nos liturgies puissent favoriser l’expérience de Dieu. Elle se dévoue à l’expédition des hosties, avant d’être choisie pour d’importantes fonctions dans la Congrégation. Dès le 29 octobre 1959, on lui confie la responsabilité des postulantes; plus tard, celles de directrices du noviciat et du juniorat. Elle assumera en divers monastères le service d’autorité, soit comme assistante ou mère-servante locale. Élue assistante générale, de 1989 à 2001, elle seconde la mère-servante générale avec tact et piété filiale.

Femme de prière profonde et de vie intérieure intense, elle s’alimente assidument à la Sainte Écriture pour en vivre et rayonner, privilégiant toujours les textes liturgiques.

En esprit de service, s. Marie-du-Sacré-Cœur se prête joyeusement aussi pour les travaux les plus humbles : ménage, buanderie, porterie, etc. De santé plutôt fragile, elle a tout de même rarement été malade. En 1983, une fracture à la hanche nécessite une intervention chirurgicale.

Après avoir donné le meilleur d’elle-même, le temps vient où la santé diminue et les infirmités se font sentir. Elle reçoit l’obédience pour l’infirmerie communautaire le 5 juin 2014. Elle sème la joie auprès de ses consœurs malades par son bon sens de l’humour. Le 8 mai 2018,  un accident vasculaire cérébral la rend tout à fait dépendante. Sous le regard maternel de Marie, elle vit dans la sérénité son oblation en faveur du Sacerdoce, intention qui lui tient vraiment à cœur. Elle ne se plaint jamais, et est toujours reconnaissante des bons soins reçus.

Sœur Marie-du-Sacré-Cœur part tout discrètement pour se joindre aux chœurs célestes, vendredi le 12 octobre 2018, à 16h et 5min. Ainsi s’achève  l’histoire sacrée de sa vie avec le Bien-Aimé.

La liturgie des funérailles est présidée Mgr Jean-Charles Dufour, P.H., aumônier, samedi le 20 octobre 2018. L’inhumation au Cimetière Notre-Dame, lundi 22 octobre.

Qu’elle repose dans la paix de son Seigneur !

Texte de l’homélie

« O Christ, reçois avec bonté, celle que tu as appelée dans ta demeure du Ciel! »    (L.H.)