Notice de S. Bernadette-de-l'Immaculée, sjm (Yolande Martin)

« Je vais vers Toi, mon Seigneur, dans ta joie,
Je vais vers Toi, mon Seigneur, et mon Roi ! » (L.H.)


« Pour monter dans la sphère, près du Roi tout-puissant,
 dans la main de mon Père, je resterai enfant. »
(Chant de S. Bernadette-de-l’Immaculée)

 


Le 2 avril 2012, à l’occasion de son 70e anniversaire d’alliance avec Jésus, notre sœur avait écrit :

«  Le Bon Dieu a été bien bon pour moi; bien bon de m’avoir soutenue si longtemps !… Cela se comprend, car j’étais DANS SA MAIN…, mais bientôt, je serai dans SON CŒUR, et cela pour toujours! »

Yolande Martin a vécu sa jeunesse à Aylwin, petit village anglais et protestant où il n’y a pas d’Église catholique. À  l’approche de sa naissance, Mme Martin se rend chez sa sœur à Maniwaki. C’est là que Yolande s’ouvre à la vie, le 17 avril 1921. L’eau baptismale coule sur son front le même jour à l’église de l’Assomption; elle devient temple de l’Esprit et enfant bien-aimée du Père. La maman revient ensuit à Aylwin où la vie de famille se poursuit.

Seuls catholiques en ce milieu, les bons parents veillent à ce que la foi demeure toujours éveillée chez les sept petits êtres fragiles que Dieu leur confie; cinq garçons et deux filles feront leur couronne et leur bonheur ici-bas. De belles soirées familiales cimenteront leur unité. La maman se repose en lisant le journal, le pape joue de l’accordéon pour le grand plaisir des petits.

Comme une fleur, Yolande ouvre sa tendre corolle au Soleil de l’amour divin et familial. Yolande reçoit l’hôte divin dans son cœur 19 mars 1929 ; elle sera confirmée par Mgr Joseph-Eugène Limoges, le 6 juin 1932. La maman, vraie femme de foi et de prière, prépare elle-même Yolande à la réception des sacrements.

Yolande aime l’étude; elle fréquente l’école protestante anglaise à Aylwin jusqu’à la 6e année. Elle faillit cette dernière année. Le professeur s’excuse disant qu’il l’avait négligée; il veut lui faire passer la 7e au High School. La maman préfère la retirer de l’école.

À 16 ans, elle devient enfant de Marie. Après ses études, elle s’engage à la maison-mère des sœurs Grises d’Ottawa, ce qui favorise une première approche de la vie religieuse et lui permet de se rendre souvent à l’Église. Elle travaille à la buanderie, s’acquitte du repassage et fait bien toutes choses. De retour chez-elle, elle a peu de temps libre, car la maman est souvent malade. Pour occuper ses loisirs, ses préférences se portent sur le ski, le patinage, la balle-molle, la danse.

C’est à ce moment qu’elle ressent un premier appel à la vie religieuse, à la vie de prière. Elle écrit : cet appel est venu dans mon cœur; je voulais connaître le Bon Dieu et apprendre à L’aimer par-dessus tout. Je croyais qu’il fallait être religieuse cloîtrée. Me rendant à mon travail par train, je me suis assise près d’une dame, sœur d’un prêtre. Je lui parlais du Carmel que je ne connaissais pas. Elle me dit : il y a à Hull une communauté cloîtrée. Elles sont tout habillées en bleu et se sont toutes des saintes. Tout ce que je leur demande, je l’obtiens. Yolande venait d’avoir sa réponse. Elle cite : Je suis venue avec une aspirante et me suis rendue à la chapelle. Je me suis sentie tout de suite chez moi. De là, Jésus-Hostie l’attire toute à Lui.

À 18 ans, elle commence ses démarches en vue de son entrée chez les Servantes de Jésus-Marie qui s’effectue le 21 novembre 1939. Entrée au postulat, elle reçoit un message tiré des écrits de sa petite sœur Thérèse Martin : Je n’ai jamais rien su faire toute seule. Elle l’a parfaitement vécu, faisant tout avec, par et en Marie. Elle prend l’habit le 24 mai 1940. Notre Yolande est transfigurée en une nouvelle petite Bernadette et vit en plénitude son nom nouveau sous l’égide de l’Immaculée. On l’appellera désormais : 
SŒUR BERNADETTE-DE-L’IMMACULÉE.

Au cours de son noviciat, sœur Bernadette s’initie avec grande ferveur à tout son service divin et communautaire. Elle prononce ses premiers vœux le 24 mai 1942 et se lie à Jésus pour toujours le 24 mai 1945. Elle choisit sa devise : Allons plus loin toujours !

Très dévouée et généreuse, sœur Bernadette s’engage à fond dans les emplois qui lui sont confiés, sans se plaindre, ne ménageant pas sa peine ni son temps, prête à aller parfois au-delà de ses forces. Elle ne connaît pas de demi-mesure. Personne d’ordre, propre, habile, pleine d’initiative, artiste, elle passe à peu près tous les offices. Sa connaissance de l’anglais la rend précieuse comme sœur sortante et réceptionniste. Comme détente, elle s’amuse à composer de petits chants d’amour à son Bien-Aimé.

Sœur Bernadette est une compagne délicate et clairvoyante;  que de services cachés elle aime rendre et cela sans bruit. C’est d’une vie intérieure profonde que découle sa vie entièrement donnée au Seigneur, à l’Église, aux prêtres, à ses sœurs, et à toutes les âmes.

Les années ont passé comportant ses joies et ses peines. Sœur Bernadette a vécu divers jubilés, soit du 25e au 75e. De son cœur d’épouse fusent à tout instant des mercis Seigneur! Elle a gardé son cœur d’enfant, des yeux qui s’émerveillent, une oreille attentive aux besoins de ses sœurs. Le 8 novembre 2001, elle offre sa cellule à une sœur qui en a besoin et accepte d’aller à l’infirmerie. Le 25 mai 2005, elle reçoit l’obédience d’y demeurer en permanence.

Âme chantante, de paix, de silence, elle continue de nous édifier par son abandon, sa disponibilité, son humilité. À l’exemple de sa sainte patronne, Bernadette de Lourdes, elle reflète son Immaculée Mère. Dans la pauvreté, elle accepte ses limites, ce qui la garde dans une joie paisible et fait son charme.

Le 15 septembre, fête de Notre-Dame des Douleurs, le petit cierge de son oblation s’éteint presque imperceptiblement pour se joindre aux chœurs célestes dans l’adoration et la louange.

La liturgie des funérailles est présidée par Mgr Jean-Charles Dufour, P.H., aumônier, vendredi, le 21  septembre 2018, à 10h. 30. Plusieurs membres de sa famille sont venus lui rendre un dernier hommage. Frère Denis-Antoine, f,e, est aussi présent. Alors que la température est très maussade en ce jour, lors de  l’inhumation au cimetière, un soleil radieux vient nous illuminer; reflet de ce qu’a été notre sœur Bernadette au milieu de nous.

Texte de l’homélie

« Je chanterai dans le beau Ciel sans fin. »