8 décembre - Fête de Marie Immaculée

Historique de la procession du 8 décembre au monastère des Servantes de Jésus-Marie

 
L’Étable du Petit Jésus, berceau de notre Congrégation, ne pouvait-être qu’un abri temporaire. Il fallait bâtir ou renoncer au développement de l’Institut. Confiant en la Providence, le 10 avril 1895, on acheta un terrain, situé de l’autre côté de la rue, entre cette rue et la station du Pacifique Canadien. À chaque angle, se trouvait déjà une petite maison de bois.


M. l’Abbé Mangin étant malade, les travaux progressaient rapidement sous la direction de son vicaire, M. l’Abbé Jean Routhier. On décida de prendre possession du nouveau couvent le 21 novembre, fête de la Présentation de la Très Sainte Vierge au Temple.
Ce jour-là, en effet, les ouvriers percèrent une ouverture entre la nouvelle demeure et l’ancienne, et par ce passage, les Sœurs déménagèrent leur modeste mobilier. Vers le soir, notre Père Fondateur, accompagné de son vicaire, vint réciter les prières du rituel et bénir la maison. Puis, les Sœurs allèrent dans la vieille demeure chercher le Crucifix et la statue de la Sainte Vierge,et les apportèrent processionnellement, portant des cierges allumés et chantant le Magnificat. On plaça le Crucifix à la place d’honneur, dans la salle de communauté, et la statue de Marie sur un petit autel improvisé.
Alors, notre Mère Fondatrice s’agenouilla avec ses filles, et dans toute la joie de leur cœur, elles psalmodièrent les psaumes 121, 83 et 90. «Je me suis réjoui parce qu’on m’a dit: nous irons dans la maison du Seigneur. Qu’ils sont aimables vos tabernacles, Dieu des vertus …
Celui qui s’abrite sous la protection du Dieu Très Haut repose à l’ombre du Dieu du Ciel. » Enfin, notre Père s’inspirant de ces psaumes, traça les grandes lignes de notre vocation pour faire de cette maison, une maison de prières, et par conséquent, la maison de Dieu. Une dernière partie de la cérémonie dut être remise au 8 décembre, les pièces de la maison n’étant pas terminées et, plusieurs encore encombrées de matériaux. Mais, ce même soir, nos Mères et nos Sœurs couchèrent dans leur nouveau couvent. Elles étaient au nombre de sept.
Le jour de la fête de l’Immaculée-Conception, dans l’après-midi, notre Père vint avec son vicaire, compléter la cérémonie du 21 novembre. Après le chant du VENI CREATOR, il expliqua que Marie Immaculée, ayant été établie la vraie Supérieure de la maison, Elle devait en prendre solennellement possession. «Ce n’est pas une cérémonie enfantine que nous allons faire. C’est une cérémonie très importante par sa signification symbolique. Marie est votre Mère. Elle est votre Directrice, votre Supérieure. Elle est votre Fondatrice. Ce que nous allons faire a pour but, non de le lui faire savoir à Elle, mais de vous le faire comprendre à vous; de vous le graver dans la mémoire. Vous êtes donc ici chez la Sainte Vierge, vous êtes engagées à son service et, par Elle, au service de son divin Fils. La servante doit se conformer aux habitudes de la maison où elle sert. « Vous devez faire plus que cela, car les maîtres que vous servez sont, l’un la Sainteté même, l’autre, la plus sainte de toutes les créatures.
Vous êtes donc ici, non seulement pour prendre les habitudes extérieures de Jésus et de Marie, mais pour vous assimiler jusqu’à leur manière de penser et de juger toute chose, et du bien des âmes. Retenez donc bien que la prise de possession que Marie va faire de tous les appartements de cette maison, signifie la prise de possession que cette bonne Mère veut faire, au nom de son Jésus, de tout vous-même, de tous vos membres, de toutes vos facultés, de toutes vos pensées, de tous les mouvements de votre cœur. »
Alors, la statue de Marie fut portée processionnellement par notre Père que nos sœurs suivaient portant des cierges, et chantant les litanies de la Sainte Vierge; il lui fit visiter toutes les parties du monastère. Au retour, on chanta le Magnificat, puis le cantique que notre Mère Fondatrice aimait tant et chantait si bien: 0 VIERGE IMMACULÉE, BEAU LIS DE LA VALLÉE.

En mémoire perpétuelle de cette première prise de possession par notre Mère du ciel, notre bon Père Fondateur a réglé que, chaque année, en ce jour de la fête de l’Immaculée Conception, la même cérémonie aurait lieu dans tous les nazareths de la Congrégation.
Les sœurs se réunissent à la salle de communauté, et la Mère-Servante récite d’abord la prière suivante composée par notre Père Fondateur pour le 8 décembre 1919, par conséquent, la dernière Fête de l’Immaculée Conception qu’il passât loin de sa « bonne Maman du Ciel ». C’est une paraphrase de quelques versets des psaumes 90, 83, 121, lesquels ont été chantés dans la même circonstance à la prise de possession du petit couvent de Masson, et que nous répétons, en y ajoutant d’autres chants, selon le parcours. La Mère-servante porte processionnellement la statue de la Très Sainte Vierge et bénit chaque appartement du monastère. La procession se termine au noviciat avec la prière suivante rédigée d’après les paroles de notre Père.
« 0 notre bonne Mère, nous venons terminer cette procession dans le petit « jardin clos» du noviciat, que vous-même avez établi, en la fête de Notre-Dame des Neiges, en 1899, et que vous avez toujours entouré de vos soins si dévoués et couvert de votre maternelle protection. Oh! combien nous aimons à vous le répéter : VOUS ETES NOTRE MAITRESSE DES NOVICES, vous êtes la Mère de toute la Congrégation. Nos cœurs sont attendris et profondément touchés en songeant à l’amour maternel si tendre, si sage, si clairvoyant avec lequel vous dirigez ce petit noviciat.
Merci pour tout ce que vous faites en faveur de ces chères âmes, que votre Jésus a choisies, dont Il a bien voulu faire ses fiancées et qu’Il se propose d’élever jusqu’à l’honneur d’être ses épouses, si elles sont fidèles.
Daignez, ô Marie, continuer vos marques de tendresse et de vigilance maternelle à ce petit foyer où les âmes sont travaillées, préparées pour devenir des hosties.
Faites que, de toutes celles qui sont vraiment appelées, pas une ne soit infidèle à sa vocation, mais faites-leur en même temps bien comprendre que cette fidélité à leur vocation ne consiste pas seulement à demeurer dans la maison, mais à en prendre l’esprit, à y progresser tous les jours, dans le don absolu de tout elles-mêmes à votre Jésus, par vous, qui possédez le secret de l’union intime avec l’Époux des âmes.
Pour la prospérité et le développement de cette Congrégation, nous vous demandons, ô Marie, en ce jour de la Fête de votre Immaculée Conception, de daigner jeter les yeux sur un grand nombre d’âmes encore au berceau ou qui ne se sont pas souillées au contact du monde, de les mettre à part, sous votre manteau virginal, de les préparer, comme vous savez si bien le faire, à venir un jour remplir les fonctions de petites servantes de la Sainte Famille à Nazareth. »
(Extrait du Journal de la Communauté, 1895)